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mardi, juin 17, 2025

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Quand la voix de Thabo Mbeki trouble les eaux congolaises !

La dernière prise de parole de l’ancien président sud-africain Thabo Mbeki a suscité une onde de choc bien au-delà des frontières de son pays. Ses propos, tenus lors d’une récente interview en anglais, ont rapidement traversé les cercles diplomatiques, médiatiques et politiques, enflamment les éditoriaux, et rallument les braises d’une controverse que l’on croyait éteinte.
Ce qui devait apparaître comme une simple opinion d’un ex-chef d’État sur la situation politique de la République démocratique du Congo s’est révélé être un plaidoyer à peine voilé en faveur d’un ancien dirigeant congolais déchu, en quête de retour sur la scène nationale par des moyens manifestement éloignés des standards démocratiques.
Les mots sont pesés. Et ils ne laissent place à aucun doute quant à l’intention : apporter une forme de légitimité morale et politique à celui qui, pour beaucoup, incarne une trahison historique. Un homme que d’aucuns qualifient aujourd’hui de « félon devant l’Éternel », tant sa gouvernance passée demeure marquée par l’opacité, les violences muettes et les occasions perdues.

Une étrange coïncidence

Ironie de l’histoire ou simple hasard du calendrier : c’est le même jour que le sénateur à vie Joseph Kabila recevait une notification officielle l’invitant à se préparer à la levée potentielle de ses immunités, préalable à une éventuelle comparution devant la justice de son pays. Une étape symboliquement forte, qui marque un tournant dans la perception de l’impunité des anciens régimes.
Dès lors, une question s’impose : que vient faire Thabo Mbeki dans ce débat ?
Pourquoi prêter sa voix, son crédit d’homme d’État, à une cause qui, aux yeux de nombreux Congolais, relève davantage du passé que de l’avenir ?
Certains murmures, désormais insistants, évoquent des intérêts personnels bien enracinés en terre congolaise.
Des concessions minières à Kolwezi, des liens économiques dans le Nord-Kivu, et surtout une justification publique de sa fortune comme fruit de « business » réalisés au Congo. La République démocratique du Congo, trop souvent perçue comme une vache à lait silencieuse par des réseaux politiques étrangers, continue de susciter des convoitises sans fin.

Une parole qui blesse

Plus grave encore que les intérêts inavoués, c’est le discours lui-même qui choque.
L’ancienne figure de la renaissance sud-africaine, qui fut autrefois porteuse d’espoirs continentaux, semble désormais s’adonner à une rhétorique qui flirte avec le mépris.
Ses mots, bien que choisis avec la prudence diplomatique, transpirent une condescendance déplacée et un tribalisme insidieux, laissant entendre que seuls certains profils, certaines origines, seraient légitimes à diriger le Congo. Et que l’actuel pouvoir serait taxé de ces tares de séparatisme. Sans en apporter la moindre preuve. La récitation d’une leçon erronée et mal assimilée, n’a d’équivalence que la médiocrité.
Ce genre d’intervention n’est pas simplement une ingérence. C’est une insulte à l’intelligence et à la souveraineté du peuple congolais.
C’est également un crachat symbolique sur la mémoire de toutes celles et ceux qui, depuis des décennies, luttent pour que le Congo cesse d’être une proie, pour qu’enfin la dignité, la justice et la paix s’installent de manière durable.

Un Congo éveillé

Il faut que cela soit dit clairement : le Congo d’aujourd’hui n’est plus celui d’hier.
Les Congolais ne sont pas dupes. Ils ont appris, parfois au prix du sang, à discerner les vrais enjeux derrière les postures publiques.
La tentative de revenir par la petite porte du parrainage international, en s’appuyant sur des figures du passé, relève d’un vieux jeu dont les règles ne tiennent plus.
Il ne s’agit plus simplement d’un affront politique. Il s’agit de l’avenir d’une nation. Et face à cela, aucun discours importé ne saurait peser davantage que la volonté souveraine du peuple congolais. Et comme dirait Tintin : Au Diable THABO MBEKI !


Zadain KASONGO

LAUTREINFO

Joseph KABILA, la chute d’un mirage politique !

Tel un malfrat surpris dans sa tanière, Joseph KABILA, l’homme aux multiples visages, a appris par la voix froide et implacable des ondes la levée de ses immunités. Le verdict, tombé comme un couperet, s’est répandu telle une traînée de poudre, amplifié par les télévisions, les radios, les réseaux sociaux. Dans les salons comme dans les ruelles poussiéreuses de Kinshasa, dans les camps de déplacés de l’Est comme dans les quartiers huppés de la diaspora congolaise, une émotion mêlée de stupeur et de soulagement s’est emparée des esprits : c’est donc possible. L’impunité, longtemps brandie comme une muraille infranchissable, vacille.

Apparemment tant attendue, cette nouvelle fait le bonheur des patriotes congolais, ceux-là même qui n’avaient jamais accepté qu’un homme à l’histoire aussi floue que son origine soit parvenu à régner dix-huit années durant sur un pays aussi vaste, aussi riche, aussi meurtri. Dix-huit années de silence pesant, d’énigmes jamais élucidées, de deals obscurs passés dans l’ombre, souvent au détriment de la souveraineté nationale.

Aujourd’hui livré à la Justice congolaise, cet ancien président devra expliquer – ou tenter de disculper – son soutien notoire aux terroristes du M23, ces tueurs qui sèment la mort, la désolation, le viol et l’exil dans la partie orientale de la République Démocratique du Congo. Quelle mouche aurait donc piqué l’ancien caporal, promu général, puis président par une succession d’événements que l’histoire elle-même peine à reconstituer sans embarras ? Quel toupet, ou peut-être quelle inconscience, de proclamer sans gêne son attachement aux bourreaux d’un peuple qu’il prétendait servir !

La scène n’est pas sans rappeler d’autres épisodes de l’histoire mondiale où des chefs d’État, longtemps perçus comme inamovibles, furent soudainement confrontés à la justice. On pense à l’Argentin Jorge Videla, autre militaire président, condamné des décennies après les crimes de la dictature ; à Charles Taylor, seigneur de guerre devenu président du Liberia, puis jugé pour crimes contre l’humanité à La Haye ; ou encore à Augusto Pinochet, arrêté à Londres malgré les décennies passées à régner d’une main de fer sur le Chili.
Chacun de ces hommes, comme Joseph KABILA, Hypolite KANMBE de son vrai nom, avait construit un mythe autour de lui : mythe d’un homme providentiel, d’un sauveur de la nation, d’un stratège politique hors pair. Et chacun, finalement, a vu ce mythe se briser, non pas sous les bombes, mais sous le poids de la vérité et du droit. Car l’histoire, patiente, n’oublie jamais.
KANAMBE, l’homme aux bottes usées devenu milliardaire, intrigue autant qu’il irrite. Sa fortune, son silence, son mutisme volontaire ou calculé, tout chez lui interpelle. Comment un inconnu, aux origines encore troubles, aux papiers discutés, a-t-il pu s’imposer à la tête de la plus grande nation francophone d’Afrique ? Faut-il croire à cette légende selon laquelle un ministre belge aurait proposé, tel un recruteur cynique, cet « oiseau rare » pour succéder à Laurent-Désiré KABILA, patriote assassiné au sommet de l’État ?

Le mystère, longtemps entretenu par les réseaux diplomatiques, les puissances économiques et les intérêts géostratégiques, semble aujourd’hui se fissurer. Car tout mythe forgé par des mains étrangères finit, un jour ou l’autre, par se dissoudre dans le tumulte des peuples éveillés.
Et ce n’est sans doute qu’un début. D’autres accusations viendront s’ajouter, charriant leur lot de révélations. Le dribbleur politique, comme on l’a surnommé un temps, semble avoir confondu l’art du football avec celui, plus exigeant, de la gouvernance. Et si le terrain politique permet parfois quelques acrobaties, il ne pardonne jamais les fautes graves contre la nation.
Les jours à venir s’annoncent agités, très agités, mais ce tumulte n’est pas un orage. Il est le frémissement d’un réveil. Un réveil long, douloureux, mais nécessaire. Les plaignants affûtent leurs dossiers, les témoins se délient, les patriotes se lèvent.
Et le ciel, cette fois, reste étrangement serein.

ZADAIN KASONGO T.

LAUTREINFO

Papa Jean, le seigneur du Scrabble !

Il y a des figures que le temps ne parvient pas à effacer. Des présences si singulières qu’elles laissent une empreinte indélébile dans le cœur de ceux qui les croisent. Papa Jean en fait indéniablement partie.
C’est à la salle de fitness de Michel, un endroit modeste mais chaleureux, que nos chemins se sont de nouveau croisés. Cela faisait longtemps. Trop longtemps. Depuis plus de 12 mois, Papa Jean n’avait plus donné signe de vie à notre club de Scrabble. Pour des raisons de santé, m’avait-on dit. Cancer de pancréas qu’il a courageusement vaincu. Et dans notre petit cercle d’habitués, son absence se faisait sentir comme un silence après un rire franc.
Je l’appelle Papa Jean, non pas par habitude, mais par choix. Ce titre affectueux n’est pas une formule vide. Il est le reflet d’un respect profond, d’une tendresse sincère. C’est aussi un clin d’œil à mes racines, à cette culture africaine qui enseigne que le prénom seul ne suffit pas lorsqu’on s’adresse à un aîné. Lui, pourtant, est belge. Montois de souche. Grand-père émérite. Père de 4 enfants : Eric, Michel, Philippe et Isabelle tous portant fièrement le nom de famille DENIS. Depuis quatre ans en 2021, papa Jean est veuf. Son épouse était originaire de Mouscron. Mais pour moi, il reste avant tout ce grand monsieur du Scrabble, au regard vif et à l’humour mordant.
La semaine précédente, je l’avais aperçu brièvement, mais il ne m’avait pas reconnu. Un coup porté à mon cœur, discret mais réel. Nathalie, sa belle-fille, avait dû lui souffler mon nom. J’avais feint l’indifférence, mais je n’en menais pas large.
Et puis voilà que le destin, capricieux mais souvent bienveillant, nous offre une seconde chance.
Je me trouvais sur le tapis. Absorbé dans ma routine, lorsque je l’ai vu entrer. Droit, digne, vêtu avec soin, les pas un peu plus lents mais le regard alerte. Mon cœur s’est serré. Sans réfléchir, j’ai stoppé la machine et me suis précipité vers lui. Je l’ai salué avec chaleur, espérant, sans trop y croire, qu’il me reconnaîtrait cette fois.
Et là… miracle.
Son visage s’est illuminé. Ses yeux ont brillé d’un éclat complice, et sa voix s’est élevée, joyeuse, presque triomphante :
— L’extraordinaire Zadain !
Ces quelques mots m’ont traversé comme un rayon de soleil en hiver. Nous nous sommes serré la main avec vigueur, et je l’ai brièvement serré dans mes bras. Ce n’était plus un simple échange de civilités, mais la célébration discrète d’un lien retrouvé.
— Es-tu toujours imbattable au Scrabble ? lança-t-il sur un ton malicieux.
— Non, Papa Jean, tu m’as déjà battu une fois, souviens toi! lui répondis-je en riant.
— Moi, te battre ? Alors c’est un miracle dont j’avais oublié l’existence ! dit-il dans un éclat de rire cristallin, comme un gamin pris en flagrant délit de modestie.
J’en profitai pour lui parler d’une nouvelle étoile montante dans notre club : Valérie, une jeune femme brillante, stratège redoutable, qui me donne du fil à retordre à chaque partie. Il écouta avec attention, amusé par mon ton mi-admiratif, mi- vexé.
À 98 ans, Papa Jean est encore une légende vivante. Il joue vite. Mieux : il joue juste. Aucune hésitation, aucune perte de temps. Il pose ses lettres avec l’élégance d’un maître d’échecs, avec la fulgurance d’un esprit encore affûté comme une lame. Et gare à celui ou celle qui ose trop réfléchir, c’est parfois mon cas : il s’impatiente vite, mais toujours avec ce soupçon d’ironie qui fait sourire même les plus lents.
Il n’a rien perdu de son panache. Ni de son humour. Ni, surtout, de cette mémoire vive qui fait de lui bien plus qu’un simple joueur. C’est un homme de verbe, de lien, de présence. Un homme qui, en quelques phrases, vous rappelle que vieillir n’est pas décliner, mais s’alléger de l’inutile pour ne garder que l’essentiel.
Avant de partir, j’ai proposé à Michel qu’on prenne quelques photos. Pour immortaliser l’instant, pour que les absents puissent, eux aussi, sourire. Il a aussitôt accepté avec enthousiasme, et a même suggéré que son épouse Nathalie se joigne à nous. Ce fut Greg, leur fils et petit-fils de papa Jean, qui prit le rôle de photographe. Trois générations autour de ce roc de presque un siècle. C’était beau.
Alors oui, vive Papa Jean, 98 ans et toutes ses dents – dans le verbe, dans l’esprit, dans le rire. Longue vie à lui, notre seigneur du Scrabble, notre mémoire vive, notre ami.

Zadain KASONGO

LAUTREINFO

BUKAVU : Bertrand Bisimwa et le M23 sermonnés par le pasteur Bujiriri droit dans les yeux !

C’est un Bertrand Bisimwa à la mine défaite et parfois la tête baissée d’un mauvais jour qui a écouté le sermon du courageux pasteur Eugène Bujiriri de l’Eglise Filadelphia de Bukavu. Droit dans les yeux et sans fioritures, le chef du M23 a reçu sa part des vérités à laquelle il ne s’attendait sûrement pas. Un dimanche dont il se souviendrait encore pour longtemps.

Comme dans leurs habitudes, les chefs de la coalition rebelle affidés de la Rwanda Defense Force, l’armée rwandaise ; AFC/ M23 ont pris l’habitude de s’inviter dans les églises des cités par eux conquises et occupées. Une coutume à laquelle n’avait pas dérogé « le chrétien » Bertrand Bisimwa en se rendant avec une forte délégation au culte du dimanche matin 02 mars 2025 dans la ville de Bukavu, province du Sud-Kivu en partie occupée par les rebelles terroristes de son mouvement armé du M23.

Mais c’était sans compter avec le sermon du courageux pasteur du lieu qui malgré le défi de Bisimwa, lui a fait sa leçon de « chrétienté » en direct et devant tout le monde, le rebelle la suivant « religieusement » sans broncher jusqu’à la fin.

Dans un enregistrement audio d’une quinzaine de minutes devenu viral sur les réseaux sociaux, on entende ce pasteur « sermonner » avec vigueur Bisimwa comme on le ferait à un petit garçon. Sans peur aucune et droit dans les yeux, le prédicateur du jour a commencé par lui dire ce qui se dit dans la ville : « Sur la première liste des personnes à éliminer à l’entrée de votre mouvement dans la ville, mon nom était à la 14ème position, puis une autre liste est sortie où mon nom était en 54ème position…les gens m’ont dit de ne pas y aller (au culte, NDLR) mais j’ai dit que s’il fallait que je meure, je devrais mourir avec mes fidèles. J’aimerais vous dire ici devant tout le monde que si je meurs, j’irais au ciel car je ne me reproche de rien, mais aussi si vous voulez vraiment me tuer ; j’aimerais que ça soit toi Bertrand qui m’élimine… ».

Malgré une tentative d’intimidation de l’un de ses hommes en lui disant qu’il ne « savait pas que l’autorité vient de Dieu », le pasteur s’était demandé de quelle « autorité » en lui rappelant de ne pas « oublier que tu es congolais comme nous autres… ». Le pasteur Bujiri rappelle à Bisimwa qu’il « connait son père qui fut diacre au sein de cette même église » et que Bertrand lui-même « est un ancien fidèle de cette église, quand j’ai appris qu’il venait ici, je me suis dit que malgré ma maladie, je devrais venir le voir. Peut-être qu’il a honte de le dire mais je vous rassure que c’est un ancien d’ici »

Dans son registre, le pasteur poursuit à l’endroit de Bisimwa à propos de la maltraitance de ses hommes sur la population et le vol des biens de valeurs comme des voitures transférées directement au Rwanda : « Et comme le Christ a dit à Pierre, un berger c’est celui qui veille sur les brebis. Mais pas entrer dans la ville et commencer à fouetter et tuer les gens et voler les véhicules…regarde comment le parking est vide car tout le monde à cacher sa voiture. Il n’y a que celui qui n’a jamais travaillé qui ne connaît pas le sacrifice que l’on fait pour avoir une voiture. Mais vous entrez et volez les biens des gens, vous dites que vous êtes des libérateurs mais ceux qui étaient avant vous, bien que mauvais, n’ont jamais fait ça » en parlant des autorités légitimes.

« Vous êtes les 4èmes libérateurs que cette ville a connus, mais il n’y a jamais eu de progrès, donc on ne s’y attends pas…les gens ont peur et restent cloîtrée chez eux, les tueries, les disparitions, …pour quelqu’un qui a grandi dans l’église je te supplie, arrêtez ça. Que Dieu vous comble de grâce pour que vous êtes vos amis qui sont à Kinshasa appreniez à aimer les gens d’abord en lieu et place de la terre de ces gens, à aimer les gens au lieu de l’or ou du diamant qui est dans le sous-sol de ces gens…car si vous aimiez les gens, vous n’alliez pas détourner les richesses et les mettre dans vos poches…nous congolais qui sommes à Bukavu, nous sommes pris au piège dans votre rébellion, et nous ne pouvons pas partir et laisser nos terres » enchaine le pasteur visiblement remonté. 

Il conclut en s’adressant directement encore une fois droit dans les yeux à Bisimwa assis au premier rang : « En 2003 ns avons prier pour cette ville et demander à Dieu que tout celui qui verserais encore le sang dans cette ville, que Dieu puisse s’en charger.  Tu penses vraiment que les militaires FARDC qui ont quitté cette ville sans combattre n’avaient pas de force ? ».

Un précédent pasteur François-David Ekofo

L’épisode Bertrand Bisimwa à Bukavu rappelle cette autre restée célèbre lors du Culte d’action de grâce en mémoire d’un autre « libérateur », en l’occurrence l’ancien président assassiné ; Laurent-Désiré Kabila le mardi 16 janvier 2018 dans le Temple protestant du Centenaire de l’Eglise du Christ au Congo (ECC).

Ce jour-là, le pasteur Ekofo sermonnait sévèrement les dignitaires du régime Joseph Kabila et le pouvoir qu’ils représentaient dans une leçon morale sur la bonne gouvernance. Même attitude que Bisimwa, ce fut têtes baissées, confus et mine de mauvais jours que toute l’assemblée avait encaissé toutes ces vérités qui font mal. « On avait cru entendre un Cardinal Monsengwo protestant parler » expliquait un participant à la fin du culte.

En froid contre l’Eglise catholique avec qui le « bras de fer » engagé était loin de se terminer avec les nouvelles accusations du gouvernement contre le Cardinal Archevêque de Kinshasa, Laurent Monsengwo d’avoir « mené quelques tentatives subversives contre les intérêts nationaux » ; le PPRD officiel, parti au et du pouvoir avait choisi l’Eglise protestante pour cette cérémonie.

Retransmise en direct de la télévision nationale ou ce qui l’en existe encore et malgré une tentative d’interruption du signal, ils étaient tous là : famille et proches sauf Joseph Kabila comme d’habitude, institutions du pays et courtisans de la dernière heure comme le premier ministre Bruno Tshibala pour commémorer le 17ème anniversaire de l’ignoble assassinat de l’ancien président de la République.

Certes le moment était à la méditation et au recueillement avant que n’intervienne le sermon du célébrant du jour, le Révérend François David Ekofo, héraut de la bonne gouvernance et de l’alternance démocratique ; administrant à tous et à chacun, présents et absents, une leçon de « bonne gouvernance » qui restera dans la mémoire de tous.

Une douche froide

Pour une douche froide, c’en était une à « la face des autorités congolaises et courtisans » présents dans le temple notait un spectateur. Etalant toutes les insuffisances du régime, le pasteur avait abouti à l’humiliante conclusion que « Nous sommes en situation de non Etat. L’Etat Congolais n’existe pas. Nous devons léguer à nos enfants un pays de droit où tous les hommes sont égaux, tout le monde doit être traité sur un même pied d’égalité par la justice quel que soit son rang. Le Congo nous appartient, Dieu a donné la gestion du pays aux Congolais, pas aux étrangers et c’est devant Dieu que les congolais rendront compte. Dieu nous a donné beaucoup de richesses, il nous jugera sur base de ce qu’il nous a donné » concernant le délabrement de l’état général du pays.

Et de finir son sermon par cet avertissement directe et sévère aux pays voisins qui continuent de nous faire la guerre de « Ne pas être tenter de prendre une partie du Congo car même s’il est faible aujourd’hui, il se réveillera un jour et nos enfants récupéreront ce que les voisins ont ravi ».

A Lire aussi : Culte d’action de grâce en mémoire de Laurent-Désiré Kabila : Une leçon de bonne gouvernance https://www.afriwave.com/2018/01/16/culte-daction-de-grace-en-memoire-de-laurent-desire-kabila-une-lecon-de-bonne-gouvernance/

Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi

MOISE KATUMBI ÉTAIT IL A L’AMBASSADE DE LA RDC A BRUXELLES ?

Revenant sur la nouvelle diffusée hier sur les réseaux sociaux faisant écho du passage de Moise KATUMBI à l’Ambassade de la République démocratique du Congo à Bruxelles pour renouveler son passeport, LAUTREINFO vient de vérifier à la source. C’est à dire à l’Ambassade de la RDC à Bruxelles. Monsieur Moise Katumbi était effectivement de passage à cette chancellerie. Il s’était fait accompagner du journaliste Hubert Declercq du Journal « LA LIBRE BELGIQUE ».


Un travailleur de l’Ambassade l’ayant remarqué à l’entrée est allé lui ouvrir la porte du garage et l’a installé au salon d’honneur. L’ambassade se devait de le recevoir avec des honneurs dus à son rang. Le fonctionnaire qui les a ainsi installés s’est aussi chargé de l’aider à remplir les formalités d’usage pour le renouvellement de son passeport. Aussi tôt terminé, il lui a remis son document en bonne et due forme en précisant qu’il serait toujours le bien venu pour toute autre démarche à l’Ambassade de la République démocratique du Congo. Le Haut fonctionnaire souligne avoir indiqué à monsieur KATUMBI la procédure à suivre aussi sur internet tout en lui communiquant son numéro de téléphone en cas d’urgence.

Mais tout ceci a eu lieu il y a 4 ans et pas hier. C’est dire que ce passeport est encore valide. Faisons attention aux FAKE NEWS !

ZADAIN

JE RÊVAIS DE REJOUER AVEC ELLE

Le 20 mai 1983 sur le coup de 20h30 l’office zaïrois de Radiodiffusions et de Télévision en sigle OZRT annonce le spectacle théâtral « MOINS HOMME » ou la guerre de six jours par le théâtre africain des Muses.

Le présentateur n’est autre que feu Mutombo Buitshi le géant à la voix gutturale. L’instant est inédit. Une troupe venue de l’intérieur comme on disait, est décidée de marcher sur  Kinshasa en y apportant un autre style de jeu de scène.

La lumière s’éteint. Une pénombre annonce le début du spectacle sous un faible son de musique instrumentale en sourdine.Dans le fond, une femme noire apparaît en robe  de  chambre.

Visiblement sortie du sommeil elle vient ouvrir la porte à son mari blanc ingénieur revenant de la mine de Kamoto où il travaille. Elle se prénomme Claudine et lui, Georges. Les deux forment le couple Suarez, dit mixte .Serge, 10 ans est le fruit de leur union, de cet amour. Alain Suarez frère de Georges arrive fraîchement de Paris le jour même à Kolwezi. Et la deuxième guerre du Shaba dite de six jours éclate.

Toute une famille enfermée au salon pendant les six douloureux  jours où à l’extérieur des crépitements de balles ne présagent aucun espoir de survie. La guerre est atroce. Des morts ne se comptent pas.

Angoisse, anxiété, haine, amour, racisme et amour du prochain sont des sentiments dégagés par les personnages de cette œuvre à succès sous la plume de Cheik FITA dramaturge congolais. Des moments de rire ne sont pas absents.Ils sont souvent produits par le jeu du domestique Ilunga, dernier personnage de la pièce.

Le rôle de l’unique femme du spectacle est magistralement incarné par mademoiselle Jeanine  Yeba Mukadi. C’est d’elle qu’il s’agit ce soir. Quel talent! Quelle beauté ! Physique, artistique et intellectuelle ! S’il est une femme qui m’a marqué de toute ma carrière d’artiste de théâtre c’est elle.

On la remarque éblouissante  tant dans ses répliques que dans ses mouvements d’occupation de scène. D’une voix limpide qui vacille au ton du spectacle et allant crescendo selon les scènes, Jeanine subjugue.De sa voix, elle sait en faire bon usage. Car capable de crier, de hausser et baisser le ton ou de pleurer avec zèle jusqu’à toucher les cœurs des spectateurs. 

Ce soir en direct du studio maman Angebi, toute la République du Zaïre suit notre spectacle. Autant que sa beauté physique, son talent artistique s’impose sur la scène. Jeanine Yeba Mukadi n’a que 24 ans en cette soirée marquant la commémoration de la fête anniversaire du MPR, Mouvement Populaire de la Révolution de triste mémoire.

Vous l’avez compris, les différents chefs d’état et leurs délégations invités à ces festivités  suivent la reine des Muses sur scène. Heureuse coïncidence! La troupe ne fait pas partie des invités. Mais par le talent de ses artistes elle impose respect et admiration.

Surtout, elle séduit le tout nouveau maréchal qui ne manque pas de faire téléphoner et d’en toucher un mot à son commissaire d’état à la culture. Dans la salle le public  très attentif est conquis sans effort.

Sur scène, heureux nous nous admirons les uns les autres. Quant à elle, elle brille par la maîtrise du texte. Quelles que soient les improvisations du domestique, rôle que j’interprétais, Jeanine savait nous ramener  au respect du texte.

C’est ainsi qu’aujourd’hui tous ces souvenirs indélébiles me reviennent comme si c’était hier. Hélas! Il y a 27 ans. Oui il y a 27 ans quand à la fin du spectacle de ce soir là le public du studio maman Angebi en délire se lève pour ovationner les artistes du Shaba.

Succès accompli, marcher sur Kinshasa n’est plus un slogan mais une réalité. Des portes s’ouvrent. L’animateur Lukunku Sampu n’est pas en reste. Il se charge de la promotion du spectacle. 

Jeanine Yeba! Femme de scène, cet hommage  lui est dû. Mais plus loin que ma mémoire parcourt notre passé commun, je nous vois à Likasi chez un autre artiste, où  nous nous rencontrons pour la première fois vers les années 80.

Il est question de  décider de créer un nouveau concept théâtral, celui de réunir les meilleurs  talents du Shaba et  travailler ensemble. Chose faite, deux artistes de Kolwezi Jeanine Yeba et Cheik FITA, Hilaire KATENDE Katsh’Mbika et KAYEMBE Mbuta de Likasi et Zadain KASONGO de Lubumbashi.

L’ossature est montée et le Théâtre africain des Muses est né. De Kolwezi à Likasi en passant par Lubumbashi, nous sillonnons tout le Shaba, aujourd’hui redevenu KATANGA jusqu’à Kinshasa où tout le pays, par le truchement de la télévision nous découvre. A l’époque avoir une actrice capable de supporter le rythme de 3 spectacles par jour pendant des années relevait de l’exploit.

Jeanine l’a fait sans désemparer, pas seulement avec talent mais aussi avec passion et sérieux. Quelle maîtrise!

En 1989 nos chemins se séparent après une tentative de remonter sur les planches avec une autre pièce. Une bourse d’études me conduit à l’étranger.

Quoique devenue madame KALUMBA du fait de son mariage avec monsieur Kalumba Didier, Jeanine n’a jamais abandonné le théâtre. Diplômée de hautes études en arts de scène, mère de famille, elle était cadre au ministère de la culture et des arts du Congo.

C’est avec armes à la main qu’elle a rendu l’âme à la polyclinique BONDEKO de Kinshasa sous les yeux de quelques acteurs. La méningite a eu raison d’elle. Pourtant je rêvais encore  de la retrouver l’année prochaine autour d’un projet des retrouvailles artistiques avec Katende et Cheik Fita. Kayembe étant décédé depuis plus de 10 ans. La famille vient de perdre une de ses brillantes étoiles. Mais moi, je perds ma meilleure complice de scène. L’univers théâtral n’en produit des pareilles qu’une fois tous les siècles. Puisse le Tout-puissant l’accueillir dans son royaume mais surtout susciter d’autres talents. Merci Jeanine !

ZADAIN KASONGO

IL ETAIT UNE FOIS JOJO  NKASHAMA !

Le 24 novembre 2010 l’artiste musicien Jojo NKASHAMA rend l’âme. Hospitalisé aux cliniques universitaires Saint-Luc de Bruxelles depuis le 13 novembre de la même année, l’homme aux multiples talents succombe à ses blessures. Quand dans la soirée de son hospitalisation, un collègue m’apprend par téléphone, le suicide du chanteur, mon sang ne fait qu’un tour. Stupeur totale!

La nouvelle me pétrifie avant de me crucifier dix jours plus tard. Les mots ne viennent pas pour m’expliquer l’inimaginable. Comme scotché à ma chaise par ce que je viens d’entendre, je n’ose y croire. Lui dont toute l’œuvre est puisée dans le terroir du patrimoine culturel luba-kasai, ce geste n’y ressemble guère. Lui qui prêche l’amour, la tolérance et surtout la persévérance quelles que soient embûches et circonstances. Lui qui adore la vie dans sa splendeur. Pourrait-il en arriver là?

C’est pourtant ce que confirme Denise Mukendi proche amie de l’artiste, contactée au téléphone par mes soins. Ton frère est envoûté, me répond- t-elle. Il m’a menacée de mort, m’a planté le couteau dans le dos avant de s’enfermer dans la salle de bain pour se trancher la gorge. Il était ivre, poursuit Denise. Je n’ai eu d’autre choix que d’appeler la police. C’est ce que j’ai fait me raconte-t-elle. Quant au motif exact du drame, l’interlocutrice reste évasive. Ici et là des rumeurs courent bon train. Des plus folles aux plus rocambolesques.

Nous nous refusons à nous en contenter. L’éthique professionnelle oblige! Pendant ce temps, lui, agonise aux soins intensifs de la clinique. En nous y rendant, interdiction formelle nous est faite d’entrer dans sa chambre pour le voir. Ma jeune sœur n’est pas loin. Elle travaille dans le même hôpital. Elle nous rend service deux jours après, en allant au chevet de l’artiste presque mourant. Curieusement ce jour là, l’artiste recouvre l’usage de la parole. Il reconnaît ma sœur, lui parle et se souvient même du mari de celle-ci. Une telle nouvelle a le pouvoir de nous réchauffer les cœurs mais surtout de nous redonner espoir. Des chaînes des prières s’enchaînent.

Tout l’entourage parle de Jojo qui reparle. Un vrai espoir de survie renaît. On croit l’avoir arraché de la mort. Il prévient de s’occuper sérieusement du policier incitateur, une fois guéri .Des projets d’après rétablissement se font. Que n’envisage-t-on pas? On lui promet tout en même temps, l’enfer et le paradis. Pourquoi avait-il osé pareil geste continuent à se demander tous, admirateurs et proches? Question fréquemment posée pendant ces dix jours d’angoisse et de peine. Y-répondre, c’est désigner le coupable. Le mystère persiste. Pendant les deux jours d’espoir, ceux qui ont l’opportunité d’entendre l’artiste confirment qu’il en veut au policier qui l’a poussé au suicide.

Si tu es un homme, vas-y! C’est en ces termes que se serait adressé à Jojo, l’un des policiers arrivés sur le lieu pour soit disant le protéger. Dans un élan, visiblement de grande colère, mais aussi de désespoir, l’artiste serait ainsi passé à l’acte, en se tranchant la gorge. Mais pourquoi? Pourquoi?…Seul jojo pourrait répondre. Dans l’ambulance qui le conduit à l’hôpital, les policiers tentent difficilement de calmer l’hémorragie. Les jours passent. Il est toujours dans le coma. Il ne parle plus. Mais les siens y croient encore jusqu’au bout. Cliniquement l’espoir s’amenuise. Seul Dieu détient la vérité. L’attente est vaine. Ce soir du 24 novembre, l’irréparable arrive. Jojo NKASHAMA se tait pour toujours. Il ne parlera plus. Il ne chantera plus. Les yeux définitivement  fermés, la respiration artificielle interrompue, à bout de souffle il rend son souffle.

La nouvelle se répand dans la communauté congolaise de Belgique. De bouche à oreille, les téléphones sonnent de partout entre congolais, frères, amis, connaissances et sympathisants. Un comité restreint se constitue pour organiser le deuil de l’artiste. Un message de cotisation est lancé. Les donneurs ne se font pas prier. C’est à l’église Épiphanie, située à Evere, commune bruxelloise que le rendez-vous du dernier concert de Jojo est fixé. Mais il n’y chantera pas. Ce sont les autres qui chanteront pour lui en sanglots. Car pleurer un mort c’est se pleurer aussi chantait-il si souvent. En ciluba, l’expression a d’autres saveurs plus croustillantes. Lui seul savait les ressortir. Il n’est plus là pour pleurer en chantant comme il savait le faire. Mais qui d’autre pourrait pleurer le pleureur ?

En cette matinée du 03 décembre 2010, l’église est pleine. Amis, mélomanes, sympathisants et anonymes suivent, larme à l’œil, le serment des deux prêtres de Kananga. Devant l’autel, le cercueil de l’artiste à côté duquel une guitare orne le triste décor. Ses amis Journalistes sont présents pour un dernier reportage de et sur l’artiste. Caméra à l’épaule je prends témoignage du dernier spectacle de la star. Celui-ci (spectacle) est d’autant pathétique que je ne peux retenir des larmes. Roger Diku, journaliste, immortalise l’événement en prenant des photos non sans essuyer des larmes entre différentes prises. Le concert des pleurs s’étouffe dans la foule éplorée. L’officiant du jour rappelle les qualités, les talents mais surtout la passion de l’artiste pour la musique.

Le rescapé de la mort des troubles des étudiants du campus de Lubumbashi vient de rencontrer la mort à Bruxelles dans des circonstances difficiles à comprendre. Avant la fin du culte funéraire Jo MUTANGA président d’ARKOC(Association des ressortissants du Kasai occidental) dans une intervention sobre prend la parole pour retracer le parcours scolaire et artistique de Jojo NKashama. Né à Kananga le 14 Avril 1965 Georges NKASHAMA Tujibikila wa Mpinda alias Jojo a étudié à Kamilabi chez les prêtres catholiques où il a commencé la musique à l’âge de 6 ans.

Ses études universitaires au campus de Lubumbashi à la faculté de droit tournent court suite aux troubles de 1990.Il sied de souligner que son passage à Kamilabi a beaucoup contribué à son talent musical. Au moment où nous nous apprêtons aujourd’hui à l’accompagner à sa dernière demeure, rassure le président d’ARKOC, un contrat a été signé pour sa participation l’été prochain au festival de la communauté française de Belgique.

La lecture d’un courrier émanant de son frère aîné installé en Afrique du Sud met fin aux spéculations et rumeurs fantaisistes sur la vie du défunt. L’accent y est mis autant sur son amour pour l’art d’Orphée que pour son mariage en gestation. Ballotté au gré des circonstances défavorables du régime en place, Jojo parvient à quitter le pays cher à Mobutu. Sa rencontre avec Tshala Muana la reine de mutuashi en est déterminante. Il écrit des chansons et les confie à celle-ci qui les publie. Malu, Ngoma yanyi, Nyoka wa bulanda, dinanga, Mwamba et bien d’autres sont des tubes à succès qui consacrent la notoriété de l’artiste dans l’ombre de la virtuose. C’est en Belgique que le grand public découvre l’auteur compositeur, guitariste, claviériste, chanteur et danseur Jojo NKASHAMA. Quel phénoménal artiste sur scène! Qui chante et danse tout en égayant son public en plus, par un humour décapant.

Les trémoussements de ses hanches en ressorts, les balancements acrobatiques de ses jambes, la cadence de ses mouvements sur scène, le rythme et la thématique de ses chansons en font le meilleur de sa génération. Il n’est plus. Quatre hommes soulèvent son cercueil. Sous le concert des cris des mamans pleureuses de Kananga, ils l’évacuent de l’autel pour le corbillard en direction du cimetière d’Evere. Ceux qui n’y croyaient pas encore, commencent à croire. Le prêtre bénit encore le défunt pour la dernière fois avant de le porter en terre. Le clairon retentit et accompagne l’artiste sous terre. Pleurs, douleur, chagrin ne changent rien à la triste réalité.

Notre artiste adulé ne chantera plus.

Il s’est définitivement tu.

Lui qui parlait en chantant,

Qui chantait en parlant.

Le poète s’est tu.

Il avait le verbe haut,

Le goût du beau

La verve d’artiste,

La rigueur de styliste

Tout le talent de muse

Pour taquiner la muse

Et réussir en beauté.

Mon chanteur ne chantera plus.

Il s’est définitivement tu

Il chantait mélodieusement bien,

Dansait admirablement bien

Jouait merveilleusement bien:

Guitare, synthétiseur, tam-tam,

Batterie et, en un mot, tous les instruments de musique. Véritable don du Ciel !

Dans son ciluba raffiné, Ndemba, Dimbelenge, autres lieux de chez nous ou d’ailleurs pouvaient ressembler au paradis tellement il y mettait de la poésie quand il en vantait la beauté. Le poète s’est tu! Il ne chantera plus! Qui d’autre portera aux nues les Bena Kalambayi avec autant de zèle que lui. Le poète s’est tu. Il ne vantera plus dibindi, bakwanga, Bakwa Mulumba et Bakua Luntu qu’il chérissait tant. Le poète s’est tu. Il s’est allongé pour toujours. Il s’en est allé chanter ailleurs. Sûrement au festival des anges. Il nous attriste, lui qui consolait les affligés, les malades, les déprimés et les opprimés. La diaspora congolaise de Belgique pleure encore son chantre de la culture luba. Le poète s’est tu !

De Tshala Muana à Lelimba ses compagnons de scène, la perte est immense. Adieu Maestro !


Zadain KASONGO 

Faustin Twagiramungu : Les Banyamulenge, de la pure fiction ! [Interview]

Faustin Twagiramungu ancien Premier ministre et candidat malheureux aux dernières présidentielles du Rwanda avait daigné s’expliquer en son temps sur la problématique Banyamulenge. Dans les lignes qui suivent, Il ne se limite pas à accuser. Mais il démontre que l’histoire des Banyamulenge ne relève que de la pure fiction. Des noms sont cités pour illustrer ses dires empreints de franchise et d’honnêteté. Licencié en sciences politiques, l’homme a une maîtrise en Relations internationales de l’Université Mc Gill du Québec à Montréal (Canada). Condamné à l’exil pendant longtemps en Belgique, il y a aiguisé ses armes de ténor de l’opposition contre le régime de Kagame. C’est à ce titre là que nous l’avions rencontré pour réaliser cette interview bien avant qu’il décide de retourner dans son Rwanda et se présenter aux élections présidentielles qu’il a du reste ratées lamentablement. D’aucuns se demandent si ça n’a pas été un arrangement avec son ennemi d’hier. C’est quand même étonnant qu’un hutu ait été ainsi laminé et rejeté de ses pairs. Redécouvrons Faustin Twagiramungu dans cet entretien quelque peu réactualisé, et que nous sortons des tiroirs pour des besoins circonstanciels.

Q : Comment réagissez-vous face à ceux qui pensent que l’invasion de l’Est du Congo par le Rwanda est Une guerre de race ?

F. Twagiramungu : Oui. Une guerre de race, il faudrait même ajouter que c’est une guerre de race imposée. Ce ne sont pas des Congolais qui l’ont imposée mais plutôt des Rwandais. En plus, ce ne sont pas des Rwandais que l’on connaissait avant 1990. Ce sont des Rwandais venus de l’Ouganda. Ils ont imposé aussi au Rwanda une guerre de race entre les Hutus et les Tutsis. Je continue à l’affirmer, du temps de Habyarimana ce conflit entre les deux ethnies commençait à disparaître petit à petit. Malheureusement certaines personnes, c’est à dire des Rwandais qui s’étaient réfugiés en Ouganda ont tenu à s’en servir pour leurs intérêts personnels en présentant au monde un conflit qui n’en était pas un. Actuellement ce même problème a été exporté au Congo. On parle de guerre d’ethnie et de race, des Hutu et des Tutsis. C’est quand même curieux qu’on invente aujourd’hui le phénomène Tutsi à l’intérieur du Congo. Je ne connais pas, à mon âge, un pays qui a pu héberger des Rwandais comme le Congo. Les réfugiés rwandais ont inventé la guerre dans l’Est du Congo notamment dans le Masisi, nous en avons des preuves. Tout cela pour que le monde pense qu’il y a un problème entre les Tutsis et le Congo, le problème de nationalité. Soyons sérieux, on ne doit pas prendre des armes pour demander la nationalité. Il y a des instances internationales qui auraient pu aider ces Rwandais congolais à acquérir cette nationalité sans passer par la violence. En conclusion, sans me répéter, cette guerre de race a été imposée aux congolais.

Q : Des origines des Banyamulenge, qu’en savez-vous ?

F. Twagiramungu : Avant que je ne lise les journaux en novembre 1996, lorsqu’on parlait des banyamulenge qui se seraient révoltés contre le pouvoir central, j’ai été surpris. Parce que moi étant enfant, j’ai connu les banyamulenge. La plupart des gens qui s’appellent banyamulenge venaient même de ma région, donc de Cyangugu. Ils conduisaient leurs vaches et allaient faire leurs aventures dans les pâturages congolais. Alors ils allaient aux alentours des collines appelées « Mulenge ». Je les voyais venir chez mon père des temps en temps quand ils allaient se faire soigner à l’hôpital de Mimilizi pas loin de Cyangugu. Alors quand j’ai appris leur supposée révolte, je me suis aussi révolté. Car, je ne comprenais pas comment ils pouvaient quitter ces collines et s’éparpiller à travers tout le Congo et surtout occuper les régions de Goma, de Bukavu etc… Les Banyamulenge pour moi, c’est une entité inventée par les Kagame et consort afin de tromper l’opinion occidentale, les occidentaux qui ne connaissent pratiquement pas cette région-là. Et ces derniers vont jusqu’à inventer que les Banyamulenge seraient là depuis quatre siècles, qu’ils seraient à peu près un demi-million ? Alors que pour moi ils ne dépasseraient même pas quarante mille personnes. Je continue toujours à défendre que les Banyamulenge ne sont pas des congolais qui doivent engager des combats contre le peuple congolais. Ce sont des Congolais qui peuvent acquérir la nationalité comme tant d’autres. Mais de là à prendre des armes, c’est servir les intérêts de monsieur Kagame. Ce dernier n’est pas seul. Il est avec monsieur Museveni. Et les deux, j’imagine servent les intérêts de certains pays occidentaux, il faut l’affirmer.

Q : Mais avant l’arrivée de Kagame au pouvoir, nous avions aussi entendu parler des Banyamulenge. Vous semblez dire que c’est un phénomène inventé par Kagame et les siens. Pouvez-vous donner des précisions ?

F. Twagiramungu : Je crois l’avoir précisé dans mon développement. J’ai bien dit qu’avant Kagame et avant l’invasion du Congo, les Banyamulenge existaient au Congo.

Q : Etaient-ce des Tutsis rwandais ou des congolais à morphologie tutsie ?

F. Twagiramungu : Ecoutez ! C’est en fait une question pertinente. Si ces gens se sont établis au Congo, à mon point de vue, je les qualifie de Tutsis congolais.

Q : Mais d’origine rwandaise ?

F. Twagiramungu : Bien entendu. Et d’ailleurs comme je vous le disais, je sais dès mon jeune âge qu’il y a des Rwandais qui quittaient Cyangugu pour aller s’installer dans cette région de Mulenge et qui sont donc devenus congolais

Q : Automatiquement par voie de fait ?

F. Twagiramungu : Bien entendu. Mais il y a un élément que les gens ignorent et c’est peut-être le plus important. Les réfugiés rwandais qui ont quitté le Rwanda en 1959 forment aujourd’hui et je le souligne, plus de 60% de ces gens qu’on appelle Banyamulenge. Nous en avons des preuves. Parce que nous les connaissons. Ce sont des gens qui habitaient avec nous sur les collines. Qu’ils s’improvisent aujourd’hui congolais jusqu’à réclamer même le pouvoir congolais c’est extraordinaire. Ça m’étonne beaucoup. Tenez ! Je vais vous donner un bête exemple : monsieur Bisengimana Rwema, ce monsieur-là est de Cyangugu. Il est de la paroisse de Shangi. Il a fait des études au Rwanda. Il a continué ses études supérieures à l’Université de Lovanium à Kinshasa. Après sa formation universitaire au Congo, il est revenu au Rwanda réclamer du travail qu’il n’a pas eu. Il est retourné au Congo. Vous savez vous-même quelles fonctions il a occupées. S’il était encore vivant, il se serait fait passer aussi pour un Congolais. C’est ça qu’il avait fait de son vivant, ce n’est un secret pour personne. Et pourquoi ? Avait-il acquis la nationalité ? Peut-être. Mais de là à dire qu’il est originairement congolais, c’est un mensonge. Prenez le cas de beaucoup d’autres Congolais sur lesquels les congolais eux-mêmes se sont largement trompés tels que les Gaiga, et d’autres que je ne citerai peut-être pas.

Q : Pourquoi ne les citeriez-vous pas ?

F. Twagiramungu : Écoutez ! La plupart vous les connaissez. Un homme comme Mitsho qui s’est fait appeler Miko pour s’accommoder aux congolais est un Rwandais par excellence. C’est quand-même extraordinaire que les congolais se fassent voler un pays-continent par un groupe d’individus, des Rwandais qui se nomment Banyamulenge, ces pauvres pasteurs qui ont quitté le Rwanda, qui se sont installés au Congo où ils ont bénéficié de toutes les protections, de toute la sécurité de la part des autorités et du peuple congolais et qui réclament maintenant la prise totale du territoire congolais. Ce n’est pas normal. Il y a quelque chose d’illogique. Nous ne pouvons pas accepter que les occidentaux se servent des menteurs pour inventer une histoire afin qu’ils continuent l’exploitation du Congo. Nous ne pouvons pas l’accepter, je ne suis pas congolais. Mais j’ai beaucoup d’amis congolais et j’aime le Congo parce que c’est un pays voisin que je connais depuis mon jeune âge et que je préfère fréquenter. Alors vous comprenez mon indignation quand je constate que certains de mes compatriotes racontent des mensonges et trompent l’opinion internationale sur l’affaire des Banyamulenge, nous ne pouvons pas l’accepter. Je vais vous donner un petit exemple qui n’est peut-être pas nécessaire dans cette analyse-là, c’est le cas d’un Rwandais qui est en Belgique et qui s’appelle Ndoba. Savez-vous que ce monsieur-là est Congolais ? Il est arrivé en Belgique en tant que Congolais. Avec les événements du Rwanda, il est redevenu Rwandais. Aujourd’hui, il plaide la cause des Rwandais et même des Banyamulenge. Moi j’ai connu son père qui était sous-chef chez-nous. Il est de retour au Rwanda venant de la région de Mulenge, il s’appelait Mwenyamulenge. Alors ses cousins qui sont restés là continuent à s’appeler Banyamulenge. Vous conviendrez avec moi qu’on ne devra pas continuer avec cette confusion. Au besoin ce problème doit être analysé au niveau du tribunal international. On ne peut pas se bercer et dire tous on est des Banyamulenge. Il faut que des vrais banyamulenge soient connus. On ne doit pas se servir d’un peuple comme les banyamulenge pour prendre le territoire congolais.

Q : Quelle région du Rwanda est limitrophe de celle de Mulenge ?

F. Twagiramungu : Vous avez la prolongation de Mulenge avec le Bufulero. Là, il y a la commune de Bugarama frontalière avec la région de Bufulero qui descend jusqu’à englober Mulenge où vivent aussi des Babembe. Disons que la région la plus proche serait une région burundaise, pas très loin de Bujumbura. Je ne suis pas très loin de Bujumbura car je n’habite qu’à 90 Km de là. La région de Banyabugarama, celle de Bafulero, de Bujumbura et de Mulenge c’est la même région. On ne peut pas nous tromper. Personne ne peut venir raconter des histoires sur les Banyamulenge que nous ne connaîtrions pas du tout.

Q : A votre avis, les Banyamulenges qui se réclament aujourd’hui congolais et qui revendiquent tout ce que nous savons, sont-ils essentiellement d’origine tutsie ou Hutue ?

F. Twagiramungu : Ceux qui réclament sont d’origine tutsie. Ceux qui seraient d’origine hutue, même s’ils sont banyamulenge, sont toujours rejetés et je sais qu’il y en a. Mais on ne les accepte pas. C’est là où la situation est très grave. Parce que l’idéologie kagamiste et compagnie est purement raciste. Elle (idéologie) consiste à toujours dire que les tutsis sont victimes, il faut que la communauté internationale leur donne des armes pour se protéger. Pourtant personne ne chasse ces gens-là. Au Rwanda, j’imagine que la situation aurait trouvé une issue heureuse si les gens n’avaient pas manipulé l’élément raciste. Et comme cette situation raciste leur donne facilement accès au pouvoir en anéantissant des milliers des personnes, ils vont toujours continuer avec la même histoire au Congo. Ils causent des situations douloureuses dans le Masisi, dans le Sud-Kivu et veulent continuer dans le Katanga notamment à Moba prochaine ville visée en prenant prétexte que le roi Musinga après avoir été chassé du Rwanda par les Belges, s’est installé à Moba. Il y aurait laissé des Banyamulenge, donc cette ville leur reviendrait et partant toute la région du Katanga. C’est quand-même un phénomène extraordinaire qu’il faut absolument combattre. C’est du racisme. Nous n’avons pas d’autres analyses. Nous n’avons d’autre choix que de le combattre. Parce que ceci peut nous amener à une sorte d’apartheid à la rwandaise ou à l’africaine et nous ne l’accepterons pas.

Q : Pensez-vous comme Pasteur Bizimungu, alors président du Rwanda, qui lors d’un sommet des Chefs d’États d’Afrique et de France à Paris, disait qu’il faudrait revoir les tracés des frontières, c’est-à dire remettre en question la Conférence de Berlin de 1885.

F. Twagiramungu : Non. Je crois que monsieur Bizimungu est un homme tout à fait apolitique. J’ai eu l’occasion de travailler avec ce monsieur là quand il était sous mes ordres pendant trois ans, je n’en dirai pas davantage. Mais réclamer les frontières qui existaient bien avant 1885 lors de la Conférence de Berlin, c’est franchement une aberration. Ce n’est pas possible qu’au-delà d’un siècle et plus des gens viennent modifier ce qui ne doit pas l’être. Que deviendraient le Cameroun, le Tchad, le Congo et tous les autres ? Devraient-ils revoir aussi leurs frontières ou bien doit-on le faire uniquement parce que le Rwanda est supposé lésé ? Et curieusement pourquoi est-ce que monsieur Bizimungu qui travaillait sous les ordres de Kagame et en particulier de Museveni, il faut le préciser, ne réclamait pas la région du Rwanda qui s’appelle Bufumbira qui se trouve à l’intérieur de l’Ouganda aujourd’hui ? Pourquoi ces gens ne réclament pas la région d’Ankole d’où vient Museveni lui-même qui faisait partie intégrante du Rwanda ? Les habitants de Bufumbira, les Bagandais c’est à dire Ougandais les appellent des Rwandais. C’est une région frontalière avec Ruwengeri, pourquoi ne réclame-t-on pas ça avant d’aller réclamer les régions congolaises ?

Q : Vous voulez dire que c’est une partie du Rwanda qui a été prise par L’Ouganda ?

F. Twagiramungu : Non ! Elle a été prise lors de ce fameux partage de Berlin. Ce sont des rwandais qui sont là. Ils parlent notre langue et dans la classification des tribus ougandaises, les gens qui habitent cette région sont de la tribu Benyarwanda donc des rwandais. Alors, je me demande pourquoi monsieur Bizimungu prétendument politicien ne commencerait pas par réclamer ce territoire à monsieur Museveni plutôt que d’aller se battre au Congo au-delà de 1000 Km où il n’y a même pas un grain de poussière du territoire rwandais. L’objectif n’est pas celui-là. Je crois que monsieur Bizimungu est utilisé par les forces du mal qui sont au Rwanda. Personnellement ce n’est pas pour le dénigrer mais je ne sais pas s’il comprend ce qu’il dit. Sur le plan international, envisager de revoir le tracé des frontières qui existaient avant 1885 équivaudrait à dire que les américains doivent revenir et donner le continent aux peaux rouges et puis les Australiens etc…Nous devons vivre en paix et respecter l’intangibilité des frontières des autres pays. C’est l’essentiel. Le Rwanda peut vivre mieux en respectant les frontières du Congo et de tous ses autres voisins. Le reste, ce sont des histoires chimériques.

Q : A votre avis, pourquoi Kagame et ses affidés s’acharnent-ils à récupérer une partie du Congo ?

F. Twagiramungu : Il y a d’abord une ambition personnelle. Il trouve qu’aujourd’hui la conquête est devenue facile. Il faut tuer et savoir mettre ses morts sur le dos des autres et continuer la bataille. Kagame trouve que c’est facile, il a massacré 200.000 personnes. Et il n’a jamais été inquiété pour cela. Personne ne le qualifie de génocidaire. On est en train de courir après l’ex-dictateur Pinochet pour 3000 personnes. Kagame a accepté lui-même en juillet 1997 qu’il a massacré 200.000 personnes, qu’il a chassé Mobutu du pouvoir. Curieusement là, le silence est absolu. Pourquoi ? La question reste posée. Revenons à la question de savoir pourquoi Kagame réclame le territoire congolais, à mon avis, c’est d’abord une ambition personnelle. Mais ça cache autre chose. Il ne faut pas se gêner de dire que la partie occupée est une région riche. Compte tenu de cela, ce monsieur voudrait s’en approprier et ça lui permettrait bien entendu l’exploitation d’autres régions non réclamées historiquement.

Q : Pensez-vous réellement que Kagame et compagnie prendraient un jour tout le Congo ? Ma question n’est pas anodine parce que vous avez dit, lors de votre voyage au Congo en 1995, que vous aviez eu des contacts avec certains Congolais et vous leur aviez prédit ce qui se passe actuellement. A l’époque ils ne vous avaient pas compris. Avez-vous le sentiment que l’objectif ultime de Kagame est de prendre tout le Congo ?

F. Twagiramungu : Je pense que si les congolais ne s’organisent pas, Kagame prendra le Congo. Pourquoi ? C’est un problème d’alliance aujourd’hui. Si monsieur Kagame continue à flirter avec les américains qui vont lui fournir des armes tout en neutralisant les Angolais qui soutiennent Kabila. C’est un problème d’intérêt. Qui peut assurer que l’exploitation du Congo se fasse sans entraves ? Monsieur Kagame peut enrichir ses frères et cousins tout en exploitant le Congo en assurant peut-être une sécurité pendant une quinzaine d’années pourquoi pas, je ne vois pas de raison. Mais alors à très long terme. Il risque beaucoup. Parce que je suis sûr que les Congolais vont s’organiser et combattre Kagame jusqu’à le bouter hors du Congo. Ceci se fera. Mais si les congolais ne font pas attention, je ne vois pas pourquoi Kagame ne prendrait pas tout le Congo. D’ailleurs en commençant par Kitona, Matadi et autres coins de l’Ouest du pays, n’eut été l’intervention de l’Angola et du Zimbabwe, ne croyez-vous pas que le Congo serait déjà pris ? Je pense que oui, de mon point de vue. Et par qui ? Par James Kabarebe envoyé de Museveni et Kagame. Je crois que si on ne fait pas des alliances, si le congolais lui-même ne se réveille pas pour combattre les envahisseurs, il y a des risques que ce pays puisse être partagé entre les aventuriers de toutes sortes. C’est pourquoi d’ailleurs je déplore le fait que les anciens mobutistes croient que les alliances qu’ils font avec Kagame peuvent durer longtemps. Ils se trompent. Je crois que ce que Kagame fera une fois la victoire réalisée sera de les éliminer l’un après l’autre. Et ce sera un coup terrible. Je crois fermement que les congolais ont un devoir absolu de s’organiser eux-mêmes et de combattre les envahisseurs. S’ils ne le font pas, ils seront battus et le pays sera déchiré en petits morceaux. L’Ouganda et le Rwanda continueront paisiblement leurs exploitations. Je crains fort que les Burundais qui sont au pouvoir aujourd’hui puissent réclamer aussi une part. Ça peut durer une quinzaine d’années, je vous assure. Tenez ! Savimbi a exploité un territoire à l’intérieur de l’Angola, pourquoi est-ce que les autres ne le feraient pas ? Toujours sous le parapluie de mensonge des banyamulenge. Telle est ma réponse à votre pertinente question.

Q : Au fait si je vous ai bien compris, les banyamulenge, ce n’est qu’une fiction ?

F. Twagiramungu : Quoi d’autre puis-je ajouter à cela ? Comme je vous l’ai dit, moi tel que je connais ces gens, ce que je viens de vous dire, c’est ce que je connais, je ne l’ai pas lu. Je ne peux pas croire un seul instant que les vrais Banyamulenge puissent prendre les armes pour s’emparer du pouvoir au Congo. Ces gens-là sont utilisés par ceux qui veulent exploiter ce pays. Mais retenez ceci : Dans cette fiction, c’est surtout les rwandais qui ont quitté leur pays en 1959 et en 1963 qui se transforment en banyamulenge congolais parce qu’ils savent que le contrôle est relaxe. On les connaît. Et j’imagine que vous-même, vous les connaissez. Mais les pauvres banyamulenge, ces pasteurs qui courraient après leurs bêtes, je ne crois pas qu’il soit temps pour eux de prendre les armes et réclamer le pouvoir central. Tout au plus ils peuvent réclamer pacifiquement la nationalité et pas aller au-delà des centaines de kilomètres pour prendre le pouvoir. En bref il y a des voleurs qui poussent les banyamulenge. Et ces voleurs de pouvoir, les Congolais doivent savoir les chasser eux-mêmes.

Q : Et James Kabarehe ou Kabarebe est-il un mwenyamulenge ?

F. Twagiramungu : Oui bien entendu c’est ce que Kagame a affirmé sans honte devant un journaliste de Washington Post au mois de juillet 1997.C’est incroyable ! Ce jeune monsieur je le connais. Il s’appelle Kabarebe et non Kabarehe comme il l’a fait croire aux congolais. C’est un nom d’Ankole. Lui, c’est un Rwandais. Il est né dans cette région de l’Ouganda. Il parle notre langue. Je l’ai rencontré pendant les 13 mois que j’étais aux affaires au Rwanda ; je m’entretenais avec lui. Pour des raisons que vous connaissez, ils l’ont appelé Kabarehe afin de créer une confusion entre les congolais qui portent ce nom, il y en a beaucoup surtout chez les Bashis et tirer la conclusion qu’il s’agit là d’un mwenyamulenge, c’est trop facile. Kagame avait dit qu’il s’agit d’un mwenyamulenge de Masisi. On n’a jamais vu de banyamulenge à Masisi. Un Occidental, Américain particulièrement qui lit la déclaration de Kagame, il y croit profondément. Il croit que ce dernier dit la vérité et que monsieur Kabarebe est un congolais qui combat pour récupérer sa nationalité. On ne peut pas continuer à utiliser le mensonge, à obnubiler l’esprit des occidentaux qui fournissent des armes à ces aventuriers pour prendre le territoire des autres en racontant des mensonges. Je ne cesserai de le répéter, je ne peux pas accepter que des gens se servent de mon pays pour aller conquérir d’autres pays. Sur ce principe, moi-même je suis prêt à me battre. Ces gens se battent tout en sachant pertinemment bien qu’ils sont Rwandais. Il n’y a que les congolais qui les acceptent des temps en temps pour dire que ce sont des banyamulenge. Ils ont créé une réelle confusion dans l’esprit des congolais, même vous aujourd’hui vous hésitez. Vous vous demandez si Kabarebe est réellement rwandais ou mwenyamulenge ? C’est une confusion totale. Quand ils ont échoué à Kitona et Matadi, ce monsieur est retourné tranquillement au Rwanda. Nous avions reçu des informations, à l’époque, selon lesquelles il serait tué. Je n’en étais pas très sûr. C’était de l’intox. Je sais que quand je suis arrivé à Kigali, on m’a attribué la résidence qu’il occupait. Vous comprenez que je n’invente rien. C’est la preuve la plus authentique que je connais bien James Kabarebe. C’est lui qui m’envoyait la garde chaque semaine. Je causais avec lui chaque semaine.

Q : Qui était-il à ce moment-là ?

F. Twagiramungu : Il était commandant de ce que nous appelions la garde républicaine du Rwanda. C’est lui qui était chargé de mettre des soldats à la disposition du président, du vice-président et du premier ministre pour assurer leur garde. Ça me surprend que ce monsieur prenne l’avion pour aller dire qu’il est Congolais. On ne peut pas tolérer ce genre de mensonge pour que des gens se fassent piétiner, qu’on tue des pauvres paysans, etc…

Q : Mais toutes ces vérités, pourquoi les gardiez-vous ?

F. Twagiramungu : Je ne les garde pas je suis entrain de vous les livrer.

Q : Oui mais c’est seulement aujourd’hui que vous les livrez !

F. Twagiramungu : Que voulez-vous que je fasse ?

Q : Pourquoi n’êtes-vous jamais passé sur le plateau de télévision pour expliquer tout ça. Vous parlez si clairement et si librement qu’on se rend compte que vous maîtrisez la situation.

F. Twagiramungu : Quel plateau de télévision ? Les journalistes d’ici préfèrent leurs experts français, belges et américains à Faustin Twagiramungu. Moi, évidemment, ça m’agace quand je vois ces occidentaux discuter des affaires de mon pays alors que je suis ici. Ça me fait très mal au cœur. Je ne peux pas comprendre que quelqu’un puisse prétendre connaître mon histoire plus que moi. Ça m’énerve. Je préférerais qu’il y ait un débat avec des gens du FPR [Front Patriotique Rwandais, le mouvement insurrectionnel tutsi de Paul Kagame qui s’est emparé du pouvoir par les armes après les assassinats des présidents rwandais Juvénal Habyarimana et burundais Cyprien Ntaryamira ; NDLR] qui sont ici et aussi avec ces prétendus experts qui défendent le F.P.R.

Q : Seriez-vous prêt à en découdre avec eux sur un plateau de télévision ?

F. Twagiramungu : Bien entendu ! Pourquoi pas ? J’ai lu l’interview que vous avez accordée à l’ambassadeur du Rwanda en Belgique. Soyons honnêtes, il n’a pas voulu avouer qu’il était Congolais. Il est redevenu rwandais après la victoire du FPR. Je sais qu’il ne peut pas modifier car je sais comment nous l’avions nommé ambassadeur. Je reste radical. Les congolais doivent demeurer plus agressifs en ce qui concerne leur territoire. Les Rwandais qui veulent rester au Congo devraient essayer de travailler avec les Congolais pour qu’il y ait la paix dans cette région.

Q : A vous entendre dire tout à l’heure que vous invitez les congolais à récupérer leur territoire et à combattre le mensonge, n’étiez-vous pas choqué de voir à la télévision lors de la fameuse guerre de rébellion, des Congolais brûler certaines personnes, les traîner longtemps par terre et les jeter dans des cours d’eau tout simplement parce qu’ils les considéraient comme des Rwandais ?

F. Twagiramungu : Vous voulez parler de ce qu’il s’est passé dernièrement à Kinshasa. Il y a des choses qu’il faut considérer. Il y a d’abord la bataille entre les soldats eux-mêmes, et la bataille entre la population et les infiltrés. Le deuxième cas est un phénomène plutôt psychologique. On ne peut pas croire un seul instant que si quelqu’un vient vous tuer, tuer votre président et occuper votre territoire vous vous laisserez faire. La réaction est peut-être sauvage. Mais dans certains cas, j’imagine qu’il faut essayer de l’interpréter et de la comprendre (la réaction). C’est absolument essentiel que ça ne se fasse pas de façon étendue. Je crois qu’en cas d’auto défense certaines personnes qui attaquent, doivent faire attention.

Q : Ne pensez-vous pas vous attirer des ennuis de la part de vos compatriotes qui vous entendraient réagir de cette façon et sur ce ton-là ?

F. Twagiramungu : Quels ennuis ? Les voleurs doivent être punis. Il n’y a pas d’autre langage. Ce n’est pas ce genre de vocabulaire qui puisse m’effrayer. Je ne veux pas qu’on me traite de révisionniste de négationniste. Je ne suis pas de l’idéologie occidentale. Je vois les affaires africaines avec un œil africain. Le négationnisme et le révisionnisme ne répondent pas à notre idéologie. Ce sont des analyses politiques que des gens font ici et qui répondent à l’idéologie occidentale. Chez-nous en Afrique, un voleur qui veut vous tuer, vous arracher votre bien ou votre enfant, la punition est connue. Il y a des circonstances où l’on ne peut pas faire justice, où les gens se font eux-mêmes justice. C’est très regrettable. Mais c’est comme ça. Ceux qui attaquent, souvent veulent d’ailleurs que ces scènes apparaissent pour qu’ils trouvent la raison d’accuser l’agressé ou la victime. Ne le savez-vous pas ? Ils trouvent des raisons pour dire qu’on les a sauvagement tués et par conséquent ils doivent se défendre. C’est ce qui est arrivé. Dans d’autres mots : les gens sont provoqués et cette provocation engendre des réactions douloureuses et regrettables.

Q : Tout au début, vous avez dit que Kagame a personnellement reconnu avoir tué un certain nombre des rwandais. Il aurait reconnu certains massacres et tous ses abus. Mais personne ne l’attaque ni ne l’inquiète comme on l’a fait à Pinochet et à Fidèle Castro. Et vous-même qu’avez-vous fait à Kagame ? C’est à vous de porter plainte contre ce monsieur que vous qualifiez de génocidaire. Je ne parle pas seulement de vous individuellement mais des Rwandais lésés en général. Soit dit en passant, les Congolais l’ont fait contre Kabila lors de son dernier passage en Belgique et en France.

F. Twagiramungu : Les Rwandais aussi l’ont fait à maintes reprises. Ils ont même manifesté quand Kagame était en Belgique. Mais ça n’a pas donné gain de cause. Je crois que monsieur Kagame jouit d’une certaine crédibilité sur le plan international puisque les gens ne le connaissent pas assez. C’est dommage ! Et même quand il se déclare comme étant violent, personne ne prête l’oreille à ce qu’il dit. Il a donné plusieurs exemples pour démontrer qu’il a des capacités de nuisance et de violence extraordinaires qui dépassent de loin celles de monsieur Pinochet. Revenons tout simplement à l’assassinat de monsieur Juvénal Habyarimana, quelle hypothèse voudriez-vous encore qu’on puisse adopter ? Des extrémistes qui l’auraient tué ? Je ne crois pas. Monsieur Kagame devrait endosser la responsabilité entière de l’assassinat de deux présidents Habyarimana et le burundais Ntaryamira. Une fois de plus, c’est un silence assourdissant autour de ces deux morts quoique toutes les preuves soient réunies pour que ce monsieur-là soit traduit devant les tribunaux. D’autre part, lui-même a avoué avoir confectionné le plan d’attaque des camps de réfugiés et que tout ce qui s’est passé au Congo en 1996 et en 1997 tombe sous ses responsabilités. Mais la communauté internationale ferme les yeux, comme je l’ai dit plus haut. Et c’est comme si elle nous lançait un défi en disant : les hutus ce sont des génocidaires, ils méritent d’être punis n’importe comment. Les Tutsis ce sont des victimes, ils doivent se défendre toujours en tuant. Ce n’est pas normal.

Q : Revenant au dossier « Banyamulenge », pensez-vous que la main mystérieuse pour ne pas dire la main noire de Museveni reste toujours présente ?

F. Twagiramungu : Oh là là ! La main cachée de Museveni est toujours là. Museveni a fait ses stratégies à long terme. C’est là, je crois, son point fort. Car il planifie. L’africain en général ne planifie pas. C’est là toute la différence avec les autres. Museveni sait pertinemment bien ce qu’il va faire dans les cinq ans à venir. Les autres ne le savent pas. Ils travaillent au jour le jour. Museveni et ses compagnons avaient bien ce plan de conquérir le Rwanda, y créer des contradictions internes, rebondir et sauter sur le Congo et faire la même chose. On a utilisé les réfugiés rwandais pour le Rwanda, on devrait utiliser les banyamulenge pour le Congo. Cela a tenu et jusqu’à aujourd’hui ça tient encore. Museveni est toujours là. Il exploite les mines de diamant aux alentours de Kisangani et poursuit son avancée militaire tant au sud qu’au nord du Kivu et à l’intérieur de la région du Haut-Congo.

Q : Quelle solution préconisez-vous pour mettre fin à cette fiction ?

F. Twagiramungu : Je crois qu’il appartient aux congolais de trouver une solution. Moi je ne pourrai pas. Il faut faire un recensement et déterminer qui est qui ? et qui n’est pas mwenyamulenge ? Ceci n’est possible que dans des circonstances pacifiques. Pour l’heure, c’est très compliqué. Car, ils risquent de déverser des gens venus de l’Ouganda et même des Rwandais authentiques dans des régions du Congo. Ils les appelleront Banyamulenge. Ils les présenteront devant la presse internationale comme tels. Personne ne contredira. Ceux qui oseront riposter seront assassinés. C’est ce qu’on fait aujourd’hui. Alors là je crois que le Congo est en train de perdre, si pas la totalité, mais une bonne partie de la région du Nord et du Sud Kivu sous des arguments de récupération des territoires perdus lors de la conférence de Berlin et d’ assurer la protection de leurs congénères Banyamulenge se trouvant au Congo. Croyez-moi, à cette allure cette histoire peut durer un demi-siècle si les congolais ne font pas preuve de vigilance. La deuxième solution envisageable pour le Congo, c’est de créer une puissance militaire qui permette de dire un mot dans la région des Grands Lacs. Le Congo est un grand pays qui s’il était mieux organisé, même l’Afrique du sud ne prétendrait pas être plus forte. Malheureusement à ce jour, c’est manifestement la faiblesse économique, politique et militaire qui handicapent le Congo. S’il réunissait les trois conditions, pensez-vous que Kagame oserait combattre ? Je ne le crois pas. Donc la solution se trouve dans la réorganisation de ce pays comme je l’ai tantôt décrit.

Q : Seriez-vous prêt à participer à un débat télévisé au Congo ?

F. Twagiramungu : Bien entendu ! Pourquoi pas ? Même au Rwanda si on m’assure la sécurité j’y irai. Oui aussi parce que des menteurs dominent la politique de notre région, des voleurs, des bandits, des aventuriers attirés par la richesse du Congo. Vous ne savez pas combien ce pays est en train d’être déchiré et volé par des gens que je connais personnellement et qui avaient juré qu’ils prendraient le Congo ne fût-ce que pour voler le diamant et l’or qu’il y a parce le pays est désorganisé.

Q : Qui sont-ils ?

F. Twagiramungu :  Il n’est peut-être pas temps de citer leurs noms ou les confidences. Sachez que je le sais. Le moment viendra où je citerai les noms. Ce n’est pas par amour des Banyamulenge que ce pays est attaqué. Mais par amour du diamant, de l’or, du cobalt, du cuivre et de toutes ces richesses dont le Congo est plein.

Q : A l’heure qu’il est, quel est le mot de soutien que vous aimeriez adresser particulièrement aux vrais congolais habitant la région de Banyamulenge. Je ne parle pas de Tutsi mais plutôt des Congolais qui sont entrain de mourir dans cette partie de la République.

F. Twagiramungu : Il n’y a pas une autre formule que de les encourager. Ils sont en train de mourir actuellement. Ils se donnent en sacrifice pour la libération de leur pays. Ce qui leur manque, c’est peut-être l’organisation mais sûrement le soutien de la communauté et de la presse internationales. Les distances étant ce qu’elles sont entre Kinshasa et les régions d’Uvira et de Banyamulenge, ils en souffrent beaucoup. Personnellement je les encourage à résister. Le pays leur appartient et ils ne doivent pas reculer ; bien au contraire il faut qu’ils cherchent des alliances et continuent leur combat.

Q : Pouvez-vous confirmer que vous iriez au Rwanda si toutes les conditions de sécurité étaient réunies ?

F. Twagiramungu : Pensez-vous que je continuerai à faire ma politique dans cet appartement à Bruxelles ? Il faudra que j’aille dans mon pays. On ne peut pas abandonner son pays aux mains des gens qui le connaissent très mal et qui comptent curieusement sur l’appui des américains. Mon pays est dirigé par fax et par téléphone, ce qui est regrettable. Il est temps que l’on ouvre les yeux et que l’on discute de la politique. Mais on ne peut pas parler politique avec des gens qui vous tiennent le couteau sur la gorge. Quand vous dites qu’ils tuent, ils disent non et vous qui dénoncez-vous devez disparaître. C’est pourquoi je ne le dirai jamais assez, l’assassinat de monsieur Sendashonga est un grand coup. On ne peut pas trouver un homme qui s’était donné corps et âme pour son pays et même pour le FPR mieux que ce personnage-là. Il était le ministre de l’intérieur du F.P.R. au sein du gouvernement que je conduisais. Nous avions démissionné ensemble. Il a été assassiné au mois de mai 1998 à Nairobi parce qu’il contredisait monsieur Kagame. Nous réclamons la sécurité. Nous ne pouvons pas aller au Rwanda sans sécurité.

Q : Il a été assassiné tout simplement parce qu’il disait la vérité ou il contredisait Kagame.

F. Twagiramungu : Il contredisait Kagame tant quand nous étions au gouvernement que quand nous en étions partis. Après notre démission, nous avions mis en place l’organisation politique qui nous permettrait de nous exprimer. C’étaient les forces démocratiques de résistance. Je suis indéniablement dans l’opposition. Les méthodes que Kagame utilise pour assassiner les politiciens sont un peu sophistiquées, dans lesquelles il doit être assisté par des services secrets étrangers. Si le Kenya, les États-Unis notamment voulaient que la vérité soit connue au sujet de l’assassinat de monsieur Sendashonga, ça ne prendrait pas deux heures. Nous avons des informations sur sa mort. Mais curieusement on continue à couvrir Kagame toujours en se servant du génocide rwandais. Même pour le Congo, c’est le même scénario. Je crois qu’il y a eu un génocide au Rwanda. Mais s’en servir continuellement tant sur notre territoire que sur celui des voisins, je trouve cela ridicule.

Q : Et le dernier mot ?

F. Twagiramungu : Puisque vous m’offrez cette occasion je dirai : Le Congo est un pays d’avenir et qui constitue un grand espoir pour beaucoup d’africains compte tenu de ses dimensions, de ses richesses et de ses citoyens. Il y a beaucoup d’intellectuels et de politiciens intelligents au Congo. Nous souhaitons qu’ils se mettent ensemble pour trouver des solutions appropriées à la situation actuelle. Ce faisant, ils pourront concrètement définir ce que c’est les Banyamulenge. Ces derniers (les banyamulenge) s’ils réclament la nationalité, ils peuvent l’obtenir sans prendre les armes et sans prêter main forte aux aventuriers venus de l’Ouganda et qui veulent dominer toute la région des Grands Lacs. Je demanderai aux Congolais d’être plus agressifs et de rester unis entre-eux pour que la vérité puisse triompher. Pour terminer je ne peux qu’exprimer le regret de ce qui se passe au Congo, l’exploitation de ses richesses qui sont aujourd’hui vendues à Kigali et à Kampala. Les deux capitales étant devenues les plaques tournantes de presque toute l’économie de la région. Ce que veulent ces gens, c’est l’exploitation de ce pays et non pas le bien ni la paix de son peuple. C’est là ma conclusion.

Interview réalisée par Zadain KASONGO. T.

Malheur aux maîtres-chiens !

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Depuis quelques temps, une avalanche d’injures couvrent la presse et les réseaux sociaux. Les habitués s’en délectent et semblent trouver une occupation favorite. Pas un jour ne passe sans que les activistes politiques congolais s’invectivent. Des noms d’oiseaux volent en éclat. Des complots réels et ou imaginaires sont dévoilés. Des politiciens en mal de positionnement s’inventent des stratégies. Une véritable foire politique où le vrai se mêle du faux.

Chrétiens et païens, commerçants et charlatans, voyous et savants se confondent.  Le congolais moyen, ne comprenant rien de ce qui lui arrive, ne sait plus où donner de la tête. Il ne se retrouve plus. Lui qui depuis deux ans attend de saluer l’arrivée du successeur. Hélas ! le monarque reste à la manœuvre des stratégies et de sa pérennisation. Pendant ce temps, dans le fin fond de mon Congo natal, une grand-mère du haut de ses 96 ans, imperturbable, bon pied, bon-œil attend de voter pour son arrière-petit-fils candidat à l’élection présidentielle. Personne n’ose lui expliquer l’imbroglio entretenu à Kinshasa par des activistes politiques et amplifié par leurs valets. Le nombre de ces derniers augmente de jour en jour. Sans culture politique aucune pour la plupart, ils sont surtout reconnaissables par la capacité à l’usage des mots orduriers, des injures et autres formules de persiflage.

Inconstants, versatiles à souhait, ils naviguent d’un clan à un autre sans transition c’est-à-dire sans réflexion. A trop vouloir manger à plusieurs râteliers, ils ne peuvent rien proposer de consistant d’où le vagabondage politique. C’est à ce genre de spectacle que nous assistons. Les valets politiques ne sont pas encore en panne d’idée pour amuser la galerie. Incapable de lire ce qui semblerait être sa déclaration politique devant les caméras l’un d’eux annonce renoncer à ses origines ethniques pendant que l’autre, c’est-à-dire son collègue vilipende la même ethnie qu’il menace de renvoyer de la capitale. Inculture consacrée !

Tout porte à croire que les valets ne sont pas maîtres de leurs actes. Que dire ? Ils restent valets aussi bien pour eux que pour la communauté. Et pour quel apport en politique ? Aucun, si ce n’est demeurer chiens de la meute lâchés contre un certain Félix TSHISEKEDI dont le seul péché serait celui d’être ce qu’il est, c’est-à-dire muluba. Pour mieux l’anéantir, tous les coups sont permis, y compris utiliser certains balubas sans scrupules prêts à vendre leur âme pour des miettes. C’est du déjà vu et du déjà entendu. C’est à croire que le fils du Sphinx aurait hérité de tout. Notamment ce charisme de faire trembler les adversaires politiques, insuffler peur et panique dans le camp de l’ennemi par sa seule présence. Observons bien ! Il est là sans rien dire, sans chercher à se défendre ni à se justifier pour des accusations aussi farfelues que grotesques. Et les médias sont débordés des propos incendiaires contre lui. Il y a de quoi se demander si ce n’est le même Sphinx, le même père qui renaît en lui. Le mystère de la réincarnation serait-il entrain de se réaliser sous nos yeux et la barbe des pourfendeurs du plus grand parti de l’opposition congolaise ? Si oui, auraient raison ceux qui avaient surnommé et considéraient le père comme Moise. Ils auraient ainsi prédit l’arrivée de Josué aujourd’hui en route vers la terre promise. De quoi faire trembler les kabilies, la régnante et l’oppositionnelle. Le bal des chauves ne fait que commencer pour ceux qui auraient compris la nécessité de retrouver fierté et dignité du peuple congolais. Le pays aujourd’hui est sous occupation. Seuls les chiens de la meute susdite d’ici et d’ailleurs tiennent à prolonger le bail de l’occupant en amplifiant la division entre Congolais, pour le bonheur de leurs maîtres. Le train de la révolution est sur les rails. Malheur aux maîtres-chiens ! 

Zadain KASONGO

Docteur LOSEKE serait-il atteint ?

La bombe a explosé dans les mains de son poseur. Il croyait rouler tout le monde. L’ancien médecin de CNPP se serait-il mué en goinfre politique? Sa plainte portée contre Jean-Marc KABUND-A-KABUND le secrétaire général de l’UDPS a été rejetée.

Il espérait obtenir l’annulation du congrès extraordinaire du parti. Selon lui, les organisateurs de cet important événement n’en avaient point qualité. Le procès vient de démontrer que c’est plutôt lui Tharcisse LOSEKE Nembalemba qui n’a aucune qualité de porter plainte contre KABUND-A-KABUND.

Pour longtemps, docteur Loseke en a eu et en aura pour son compte. Quelle mouche aurait piqué notre brave médecin et politicien sans envergure? Serait-il atteint? Oui certainement de la boulimie politique.

Bravo Docteur KABANDA! Pour avoir mis à nu la roublardise du toubib neurologue de Tshumbe. Véritable combat entre médecins politiques ? Pas vraiment car le match vient de se solder au premier round par arrêt de l’arbitre au tribunal de matete à Kinshasa.

Mis K.O  technique débout, le neurologue osera-t-il solliciter un match retour contre le néphrologue Kabanda? Rien n’est moins sûr. Maintenant, il ne faut plus relâcher. Toutes les bêtes politiques en divagation devront en prendre acte. Le neurologue, se serait-il tellement occupé des extravagants qu’il en devient un à surveiller?

l’affection mentale aurait-elle déjà commencé, par effet de contagion, à le ronger tout doucement ? Réponse à cette question dans un futur proche. Ce qui est sûr, docteur Loseke restera pour l’histoire politique de notre pays celui par qui le scandale de la boulimie politique a commencé mais surtout celui qui aura poussé les congolais à s’interroger sur la vraie nationalité de ses dirigeants. Qui est qui ? 

Zadain KASONGO